Happy Death Day - 19/08/14

« Vous avez été choisi pour prendre part à la Happy Death Day de la semaine prochaine ! Vous connaissez la date et le lieu, alors c’est parti ! A la semaine prochaine. Votre présence est obligatoire. »

C’est comme ça que tout commence… PUTAIN ! Je n’ai même pas 30 ans ! Ca ne devrait pas être à moi ! Et pourquoi ont-ils besoin de réguler la population sur une colonie aussi pourrie ?! Il y a suffisamment de place pour tout le monde !

« Happy Death Day ! Le jour pour mourir, mais en beauté ! Choisissez votre mort, nous avons tout ce dont vous pouvez rêver ! Nous avons même des conseillers à votre disposition si vous hésitez entre vous pendre, sauter d’un kilomètre de haut ou vous tirer une balle dans la tête ! Avec la HDD, tous vos rêves deviennent réalité ! »

Il me reste une semaine à vivre. Je n’ai pas le droit de quitter mon travail et je suis toujours soumis à l’ensemble de la législation. En gros, je vais continuer à vivre ma vie de tous les jours tout en sachant que dans une semaine il faudra que je me suicide. Le seul point positif est que j’ai le choix.

« Souvenez-vous pour votre HDD : - Vous avez un jour complet pour vous suicider. Après ce délai vous serez arrêtés et emprisonnés. - Vous ne devez pas tuer quelqu’un d’autre tant qu’il ne vous l’a pas demandé. - Vous pouvez choisir n’importe quelle méthode de mise à mort. Néanmoins certaines requêtes spéciales nécessitent d’entrer en contact avec l’organisation afin de préparer ce dont vous avez besoin. - Si vous vous tuez avant votre HDD, votre corps, votre famille et vos amis recevront un traitement spécial. - N’OUBLIEZ PAS ! Mourir pendant la HDD doit être amusant. Comme vous pouvez l’imaginer, si l’emprisonnement est une punition pour refus d’obtempérer, cela signifie que c’est BIEN PIRE QUE DE MOURIR. Bonne journée ! - Gardez le point précédent pour vous, sinon la prison vous attend. »

Il ne me reste que deux jours. Je profite de mes nuits au bar plutôt qu’au lit. Je rencontre une femme qui est ‘nominée’ pour la même HDD que moi. Une magnifique jeune femme. C’est une honte qu’elle doive mourir également. Nous choisissons de vivre ensemble jusqu’à la fin, avec tout ce que cela implique. Il faut reconnaître que le sexe est dingue quand on est désespéré. Nous avons couché sans cesse, avec bien plus de choses coquines que je n’aurai pu imaginer. Après, aussi bon que ce soit, je ne peux pas me débarrasser de l’idée que je vais mourir.

« Souvenez-vous ! Demain est votre grande journée ! »

Bordel de merde ! Cette fille était la première chose intéressante dans ma vie et elle va être la dernière… C’est horrible ! Il me reste moins d’un jour… Au moins je ne partirai pas seul…

« Bonjour et bienvenue à votre Happy Death Day ! Vous connaissez certainement les règles donc allez-y ! Si jamais vous avez une question, n’hésitez pas à demander au staff. N’oubliez pas de passer une bonne journée ! »

Je suis à l’intérieur. Avec elle. Nous nous sommes accordés à nous tuer une heure avant la fin. Nous avons donc un peu plus de vingt heures devant nous.

« Que la journée commence ! »

Notre première heure est dédiée à la découverte des lieux. Il y a beaucoup d’endroits intéressants : armes, sexe, sauts extrêmes, véhicules, animaux, façon « peine de mort »… Tout est organisé en districts thématiques (on peut donc retrouver la même méthode en plusieurs lieux).

« Prenez le temps de découvrir ! Nous ne souhaitons pas vous laisser faire un mauvais choix puisque ce sera le dernier ! »

La première dizaine de morts vient du district des armes. Essentiellement des morts violentes. Nous voyons des litres de sang s’échapper des corps de ceux qui se sont tiré une balle. Mais ce n’est que le commencement. Viennent ensuite les os et les morceaux de corps. Deux ou trois personnes ont choisi une grenade. Ma copine vomit face à ce massacre, ajoutant ses fluides aux leurs. Ma bile ne tarde pas à suivre. Elle m’embrasse.

« Ca m’excite ! »

Je fais un pas en arrière… Et pourtant le même sentiment s’empare de moi.

« Je me fous que ce soit dégueulasse ! Prends moi ici et maintenant ! »

J’arrache ses habits. Elle finira la journée nue. Ce n’est pas comme si ça allait changer quoi que ce soit. Quelques instants plus tard, je suis en elle.

A quel moment le fantasme devient de la pure folie ? Quelqu’un arrive. Il veut suivre l’exemple des précédents mais s’immobilise en nous voyant.

« Allez ! Mets-toi une balle dans le crâne et couvre-nous de ton sang ! C’est ce que tu veux ! »

Il est trop surpris pour refuser. Il ouvre sa gorge avec un couteau juste au-dessus de nous. Il perd beaucoup de sang avant de s’effondrer sur nous. Je vomis une nouvelle fois. Sur elle. Elle n’a même pas l’air d’y prêter attention. Mon estomac brûle.

« C’est plus le moment d’être gentil avec moi ! Utilise-moi ! »

Je m’exécute. Quand nous finissons, nous sommes tous deux exténués et couverts de sang, entres autres fluides. Je remets mes habits sans vraiment y réfléchir. Elle conserve les reste de ses habits.

« Si vous ne savez toujours pas quoi faire, sachez qu’il vous reste vingt heures pour vous décider ! Prenez votre temps pour visiter et choisir le meilleur moyen de quitter ce monde. »

Nous visions ensuite les lieux. Le district de la mort discrète, dédié aux pendaisons, empoisonnements et autres moyens de stopper votre cœur ou votre cerveau est plus fréquenté que celui de l’armement. Apparemment, les gens préfèrent mourir en douceur. Nous n’y restons pas très longtemps. Même si ces morts semblent moins violentes, les convulsions et les hurlements des personnes en train de mourir suffisent à nous convaincre que ce n’est pas la meilleure méthode.

« Encore seize heures pour vous décider ! Rappelez-vous de mourir avant la fin ! »

Nous passons rapidement dans le district alimentaire. C’est particulièrement pathétique de voir des personnes qui ont mangé ou bu au point qu’ils sont en train de mourir par terre. Là encore, ce n’est pas ainsi que nous souhaitons mourir. Nous prenons néanmoins quelques bouteilles au cas où nous aurions besoin de courage. L’escale suivante est celle du district à véhicules. Rien de particulier ici, si ce n’est qu’il y a tout ce qu’il faut : du vélo (celle-ci m’a vraiment surpris) à l’avion, en passant par les deltaplanes, voitures, motos, parachutes et ainsi de suite. Il y a même des pilotes pour lancer les avions (via commandes à distance) si besoin est. Un crash en voiture est une option que nous considérons. Il y a même quelques répliques de voitures datant de l’ère pétrolière alors même que nous n’utilisons plus de voitures. Ce serait plutôt sympa comme more.

« Encore dix heures avant la ‘deadline’ ! Pensez à vous amuser, mais pas trop longtemps !

La zone est immense. Nous faisons tout à pied. Nous avons le temps. Etrangement, nous devrions avoir besoin de nous reposer, mais ce n’est pas le cas. Nous sommes fatigués mais le manque de temps nous pousse à profiter de chaque seconde.

« Huit heures ! Si vous êtes encore en vie, ne tardez pas à vous tuer. Nos études montrent qu’à partir de maintenant, il est plus difficile pour vous de partir et nous ne pouvons pas suffisamment vous répéter que la mort est votre meilleure option ! »

Nous sommes dans le dernier district qui nous intéresse : celui lié au sexe. Nous changeons vite d’avis. Ce n’est pas du sexe. C’est une véritable boucherie. Je me demandais comment on pouvait mourir ainsi. Il s’avère qu’il s’agit des formes les plus extrêmes de sexe. Presque une centaine de personnes a choisi de mourir ici. Il existe plusieurs catégories : pénétrations extrêmes, où les personnes s’insèrent des objets qui déchirent leurs intérieurs jusqu’à la mort ; empoisonnement de contact, qui correspond à se couvrir d’un poison qui tue lentement avant de commencer ; le dernier groupe est celui de la mutilation, un lieu de sadisme/masochisme où on demande à être mutilé. Une quantité incroyable de tout ce qui fait un corps humain est éparpillée du sol au plafond. Un mélange de sang, sperme, vomi, urine et matière fécale. L’odeur suffit à nous voir vomir à nouveau, ajoutant encore un peu au chaos.

« Encore quatre heures pour vous décider ! Dépêchez-vous ou vous serez emprisonnés ! »

Je pense qu’il est effectivement temps pour nous de choisir. Elle me prend de vitesse.

« Comment veux-tu mourir ? »

Je réfléchis à différentes options basées sur ce que l’on a vu aujourd’hui.

« Se crasher en voiture serait sympa mais trop risqué. Je pense que les armes à feu sont notre meilleure option. Chacun de nous tue l’autre. On appuie en même temps. »

Elle se dirige vers le district de l’armement sans prendre la peine de répondre.

« Mesdames et Messieurs, il ne vous reste qu’une heure et demi ! Mourrez vite ou souffrez atrocement ! »

Nous y sommes finalement. C’est l’heure de quitter ce monde. Nous avons choisi nos armes. Un fusil à pompe Phaser (une technologie dérivée du laser), conçu pour tuer instantanément à courte portée. Elle me tue et je la tue. Nous sommes en position quand elle ouvre la bouche.

« Ecoute… Je ne suis pas vraiment une nominée. »

Je reste bouche bée.

« En fait, je travaille pour eux. Il y a un programme pour les moins de trente ans. Ceux qui se sont toujours bien comportés ont une petite chance que quelqu’un soit envoyé les accompagner jusqu’à la fin. Je suis l’un de ces compagnons, et tu es un homme chanceux. »

Ma mâchoire se décroche un peu plus avec chacun de ses mots.

« Aussi, tu auras probablement des descendants. Ils prendront l’embryon avant qu’il s’implante et le feront grandir ex-vivo. C’est l’un des moyens de maintenir la population de la colonie. »

Aucun mot ne sort de ma bouche.

« Je vais te tuer, comme tu le désirais. Souviens-toi. Ne me tue pas ou tu auras à faire face aux conséquences. Maintenant ferme tes yeux. Je vais compter jusqu’à trois. »

Je fais ce qu’elle m’ordonne. Je ne peux rien faire d’autre. Je n’arrive plus à penser.

« Un… »

Au moins, j’aurais eu quelques excellents moments avant la fin.

« Deux… »

C’est la fin.

« Trois. »

***

Je me suis toujours demandé… Est-ce que j’aime ce boulot ou l’ais-je choisi pour rester en vie ?

Je fais ce qui me plait pendant une semaine, je travaille la suivante. Par ‘travailler’, j’entends trois choses. Un : faire ce qui me plait, sexe compris, pendant six jour, ce que je ne considère pas être du travail. Deux : me faire opérer pour qu’ils récupèrent l’embryon quand j’en porte un. Ça ne fait pas de cicatrices et cela ne prend qu’une poignée de minutes. Trois : ce qui touche à la mort. Ni la vision de corps démembrés, du sang, d’autres fluides, ni tuer quelqu’un ne me dérange. Concernant le… Sexe de l’extrême, il y a certainement une part d’obscurs fantasmes enfouie au plus profond de moi, mais c’est surtout que je fais mon boulot. Je ne suis pas une psychopathe complètement folle. Je suis simplement différente et prête à tout pour survivre.

Celui-ci a complètement arraché mes habits cela dit. Au moins il était vraiment gentil et plutôt capable de ses mains. Cela dit, je ne vais pas le regretter. Je ne suis pas payée pour aimer. Du coup, j’ai une nouvelle semaine devant moi avant de rencontrer le prochain chanceux.

THE END